20 janvier 2008

Littérature pour ados

En surfant sur le net, je viens de retrouver un débat autour d'un article du Monde paru le 30 novembre 2007 et dans lequel la journaliste accusait certains livres pour la jeunesse, jugés trop noirs et trop violents, d'avoir une influence néfaste sur les adolescents.
J'avoue que ce genre de raisonnement me fait toujours beaucoup rire car, la littérature pour ados n'existant pas à mon époque, je suis passée directement de la bibliothèque verte à la série noire. C'est vers l'âge de 11 ans que j'ai plongé avec délice dans l'univers du polar américain avec Dashiell Hammett, Chester Himes ou Raymond Chandler, et dans celui des romans de gare français, plus particulièrement San-Antonio, SAS (y a-t-il plus gore et plus violent que cela dans la littérature pour ado actuelle ?) et L'Exécuteur.
Ma petite âme sensible ne s'est pas trop mal remise de toutes ces mauvaises rencontres (mauvaises selon les standards actuels du politiquement correct). Cela ne m'a rendue ni violente, ni alcoolique, ni débauchée.
L'adolescence est l'âge des grandes découvertes et des grandes expériences, et il vaut mieux se confronter à la violence du monde à travers un livre que d'aller y voir soi-même et de se prendre les coups en direct live. Tout livre vaut expérience. La littérature de gare, m'a, paradoxalement, protégée du monde en me débarrassant d'une naïveté qui aurait pu m'être funeste. L'ignorance est beaucoup plus dangereuse que la connaissance des réalités, si violentes soient-elles.
Les ados n'ont pas besoin d'une littérature spéciale, aseptisée et enjolivée, et qui n'a pour effet que de les maintenir artificiellement dans le monde des Bisounours. Qu'ils plongent directement dans celle des adultes, ils y gagneront du temps et de l'expérience !
Au demeurant, on peut se demander si la volonté de figer les adolescents dans une enfance prolongée n'est pas tout simplement la version contemporaine de ce désir de jeunesse qui animait les coquettes du XIXe siècle et les poussait à nier l'adolescence de leurs filles en continuant à les vêtir en fillettes.

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