03 mai 2012

La Rhétorique du microsillon rayé

En regardant la gauche s'agiter durant cette campagne, j'ai eu la curieuse impression d'être tombée dans une faille spatio-temporelle qui m'aurait ramenée aux années 70.

Entre Mélenchon dont les drapeaux rouges et les discours m'ont rappelé l'époque glorieuse du PCF de Marchais, quand les camarades du Kremlin nous soutenaient financièrement, qu'on nous apportait l'Huma à domicile tous les dimanches, et qu'on croyait encore aux révolutions parce que le monde communiste ne s'était pas encore écroulé en laissant un gigantesque champs de ruines, d'innombrables morts, et la certitude que c'était un des pires régimes de tous les temps...
Et Hollande, qui nous a infligé un remake de la longue conquête du pouvoir par tonton, usant et abusant lui aussi d'une gestuelle, d'un ton et d'une manière de faire de la politique directement sortis du passé...
Là, on peut dire qu'on aura été gâtés côté nostalgie.

Hier plus que jamais, il avait l'air sorti de son cocon temporel des Seventies, le gars Hollande, une sorte d'Otzi des années 70, congelé dans les trucs de sa jeunesse, depuis l'apparence étriquée de proviseur de collège jusqu'au discours vieillot tout d'effet et tout de vide.  Une rhétorique usée jusqu'à la corde, qui a dû paraître nouvelle en son temps, celui des Purgon du théâtre de Molère, mais malheureusement employée sans subtilité, ce qui la rendait plus énervante que convaincante et même pas drôle, pour le coup...
Une conception de la politique si datée et mortellement ennuyeuse que même lui a bâillé en s'écoutant parler.

La répétition, par exemple, il faut en user avec modération. Quand on répète la même expression trois fois, bon, on a compris, c'est un effet rhétorique, ça n'apporte pas grand chose mais ça rappelle les bons vieux discours intégralement rédigés en langue de bois... Au bout de quatre répétitions, l'effet rhétorique est mort, et si l'orateur n'est pas particulièrement brillant, il devient fatigant, et on commence à se demander si ce n'est pas plutôt de la méthode Coué. Au bout de cinq fois, ça nous rappelle nos vieux microsillons rayés, et on a envie de se lever pour faire arrêter le disque, qui visiblement déconne. Au-delà, on se dit, qu'après tout, ce n'est peut-être pas de la rhétorique, mais tout simplement pathologique, une crise de palilalie peut-être.

Enfin, si "le changement maintenant" c'est de retourner quarante ans en arrière, et si les moyen de réaliser l'exploit passent par la rhétorique du microsillon rayé... on voit que la question cruciale à se poser avant de voter c'est de savoir si on vraiment envie de s'engouffrer dans la faille spatio-temporelle, sachant qu'elle se fermera sûrement après notre passage, car c'est ce que font toutes ces saloperies de failles temporelles en général...

Je les ai trouvées plutôt nulles les années 70. Les années 80 aussi, d'ailleurs... Je ne les conseillerais à personne comme destination.

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